mardi 30 août 2016

Patriotisme, religion, débats identitaires : ce que l’Equipe de France à l’Euro a changé. Ce qu’elle nous enseigne. (1ere partie)

1/2 : Comment l’Euro 2016 efface Knysna. Le symbole Griezmann.

FABLES DU FOOTBALL
Enquête

Si l’Equipe de France n’a pas gagné l’Euro 2016, elle est arrivée en finale, prouesse inédite en 10 ans. Au-delà de la performance sportive, les Bleus ont réussi à gagner le cœur du public. La situation a changé depuis le fiasco de la Coupe du Monde 2010 à Knysna, apogée du foot-racaille. Ce renouveau a plusieurs facettes. Abordons sans tabou les questions ethniques, religieuses et de racisme qui entourent l’Equipe de France, les « bolossages » qu’ont connus Valbuena, Gourcuff ou Giroud, ou le renouveau de l’amour du maillot.

1ere partie

La joie des Bleus après un but de Griezmann

 

L’Equipe de France représente mieux

 

Une nation ne juge pas son équipe qu’à ses résultats sportifs, mais à la personnalité de ses joueurs. L’Equipe de France de l’Euro fut unie et simple, loin des clans ethnico-religieux qui avait miné l’Equipe de France de Domenech.

Coupe du Monde 2010, le pouvoir des caïds

En 2010, le groupe est divisé en clans selon les cultures, les origines, les couleurs de peau. Le milieu d’origine béninoise Sidney Govou déclarait que « dans la vie de tous les jours, on cherche des affinités, alors en équipe de France aussi. Et quand on cherche des affinités, la couleur c’est la première chose qui vient à l’esprit. » Domenech n’avait pris aucun des trois joueurs maghrébins (Nasri, Benzema, Ben Arfa) pour préserver l’ambiance de groupe. Visiblement, il avait sous-estimé le nombre d’égos surdimensionnés, notera un journaliste.
Dans l’Equipe de France version 2010 prévaut un islam prosélyte, qui sera à la mode en Ligue 1. C’est la question des revendications religieuses, des buffets halals aux douches en caleçons en passant par les prières de vestiaire. Ce n’est pas l’islam d’un Abou Diaby ou d’un Alou Diarra, d’origine africaine, dont le comportement fut sans reproche. Mais celui d’un clan de convertis, Franck Ribéry, Eric Abidal et Nicolas Anelka, conjugué à une culture « banlieusarde » (rapport particulier à la femme, aux activités illégales, méfiance vis-à-vis de la France, logique de clan). Les caïds des bacs à sables se posent en leaders néfastes. Ils décident d’humilier, sur le terrain et en dehors, le joueur qui ne plaît pas, qui est différent culturellement. La cible du boycott est le jeune milieu Yoann Gourcuff, alors âgé de 23 ans mais jalousé pour sa popularité. Résultat : zéro passe dans les matchs, entraînements sabotés, bizutages et insultes pour le reléguer chez les remplaçants. Cette ostracisation sans équivalent dans l’histoire du football français n’a jamais été dévoilée entièrement (mais cette enquête recoupe bien ce qu’il s’est passé [LIEN MODIFIE LE 5 JUIN 2017]). La leçon politique renvoyée serait terrible. L’Equipe de France fut guidée par des meneurs de jeu emblématiques, Kopa d’origine polonaise, Platini d’origine italienne, et Zidane d’origine algérienne. Le capitaine Henri Michel laisse le jeune Michel Platini sûr de lui tirer un coup franc mythique contre la Tchécoslovaquie. Le sélectionneur Aimé Jacquet évince le capricieux Eric Cantona en 1998 pour permettre au jeune Zidane de s’épanouir. Mais quand les rênes de l’équipe durent être confiés au breton Yoann Gourcuff, les autres joueurs refusent. Ils pensent qu’il est privilégié car blanc issu de la classe moyenne. En 2010, il ne fait pas bon être trop Français en Equipe de France. Le sélectionneur laisse faire et cède. L’équipe finit dans la honte d’une grève.

 

Euro 2016, un groupe qui sait se faire aimer

L’équipe de 2016 est très différente. Un seul cadre de Knysna est encore présent, Patrice Evra.
Malgré une majorité de joueurs noirs, l’équipe est culturellement plus équilibrée qu’en 2010. Dans les postes en vue se trouvent des joueurs « de souche » : les patrons de l’attaque Antoine Griezmann et Olivier Giroud, le Réunionnais star des poules Dimitri Payet, l’exemplaire capitaine Hugo Lloris, le taulier de la défense Laurent Koscielny. Certes, le seul Maghrébin est Adil Rami. Mais les joueurs maghrébins phares, Benzema, Nasri et Ben Arfa, ne se sont pas rendus indispensables. Après Knysna où ils n’étaient pas présents, les trois ont connu des problèmes de comportement en sélection.[1]

Patriotisme et bonne attitude des joueurs

L’Equipe de France, purgée de ses éléments toxiques, est diverse mais patriote. Loin de l’esprit racaille de cité dominant en 2010, le groupe montre un visage uni et plaisant. Cette image sage est aussi assurée par une communication cadenassée, pour contrôler les joueurs les plus impétueux en particulier Paul Pogba.

Le sélectionneur a fait attention à la cohésion de groupe. Il choisit des joueurs qui accepteront un poste de remplaçant plutôt que Ben Arfa, et préfère Lucas Digne à Layvin Kurzawa apparu dans un clip du rappeur Booba. Exit Karim Benzema, impliqué dans le chantage à la sextape contre son coéquipier en Equipe de France Mathieu Valbuena. Cet acte anti-fair play de Benzema passe mal auprès de ses collègues en Bleus, qui rechignent à le défendre. Didier Deschamps renonce alors à le sélectionner. 

Le « clapping » des joueurs après leur victoire face à l’Allemagne en demi-finale

 

L’importance de l’hymne national

Fait inédit, les joueurs français chantent tous l’hymne. Le patriotisme est tendance, le profil « mercenaire » passent de mode. Les jeunes maghrébins, souvent soumis à ce dilemme, s’orientent davantage vers la sélection de leur pays d’origine. La France n’est pas un cas unique : la Pologne par exemple recourt moins aux naturalisés. Par « mercenaire », il s’agit souvent des binationaux choisissant une sélection principalement par opportunisme sportif. Karim Benzema a choisi cet état d’esprit. Il choisit de ne pas chanter l’hymne national. Il se justifie : « Ce n'est pas parce que je vais la chanter que je vais mettre un triplé derrière » « Si je ne chante pas 'La Marseillaise', que le match commence, que je mets trois buts, je pense qu'on ne va pas dire à la fin du match que je n'ai pas chanté 'La Marseillaise’ Justement : Benzema n’a jamais marqué de triplé en Equipe de France. S’il chantait l’hymne, il lui serait sans doute pardonné de ne pas marquer. « On ne va pas me forcer à chanter La Marseillaise », certes, mais il faut alors assumer le manque de popularité.

Le fait que Zidane ou Platini ne chantaient pas ne le dédouane pas. La situation a changé dans les sélections. Aujourd’hui, les hymnes nationaux ont pris beaucoup d’importance. Hier, l’équipe de Baggio ne chantait pas l’hymne italien, aujourd’hui, la ferveur des joueurs au moment d’entonner le « Fratelli d’Italia » est sans égale. En Allemagne, les polémiques sur l’hymne sont les mêmes qu’en France. Le fait que les joueurs d’origine étrangère ne chantent pas le « Deutschlandlied » fait grincer des dents. L’image est saisissante quand Mesut Özil d’origine turque, Jerome Boateng d’origine ghanéenne et Sami Khedira d’origine tunisienne sont les seuls de la Mannschaft à rester muets. Quand Boateng s’est mis finalement à chanter l’hymne, pendant l’Euro 2016, il a calmé les polémiques à son encontre. 

 

2016, une Equipe de France très chrétienne

Depuis plusieurs années, même si la question est taboue, les codes de l’islam imprègnent le football français (pas à l’étranger). Gilles Kepel parlait d’une « hallalisation » de l’Equipe de France. Dans les vestiaires, on se met à distinguer le pur et l’impur, on impose le rap. On retrouve cette culture irriguant les clubs de Ligue 1, mais paradoxalement pas au PSG, composé de joueurs étrangers (européens et sud-américains)[2]. L’islam est la religion à la mode du footballeur français. Le média communautaire RespectMag et le journal de gauche Rue89 s’en réjouissent jusqu’au triomphalisme : « Certains tendent à percevoir l’islam comme la religion naturelle du sportif de haut niveau. La rigueur individuelle, la discipline corporelle et le surpassement deviendraient par essence, des « valeurs musulmanes » ». Or, de manière surprenante, cette « religion naturelle » du footballeur n’est plus dominante à l’Euro 2016. Il y a 5 joueurs musulmans dans le groupe de 23. La différence par rapport à 2010, plus que leur nombre, est le fait qu’à part Paul Pogba, aucun n’est cadre. Cet islam minoritaire n’est plus celui agressif des convertis de 2010. Les joueurs musulmans ont accepté sans discussions de ne pas suivre le ramadan pendant l’Euro.
En se basant uniquement sur les éléments publics, on peut identifier la religion de la plupart des footballeurs. On constate qu’une majorité est ostensiblement chrétienne (voir joueur par joueur dans cet article). L’Equipe de France présente même une attaque 100% catholique (Griezmann, Payet, Giroud, Gignac, Coman, Martial).
Ce retour du christianisme n’est pas anodin en Equipe de France. La France ressemble désormais davantage aux autres sélections, très chrétiennes, à l’instar du Portugal vainqueur de l’Euro ou de la Pologne. 

 

Antoine Griezmann, la star qui suscite l’adhésion générale

Antoine Griezmann pendant l’Euro

Le héros de la France pendant l’Euro 2016 s’appelle Antoine Griezmann. Meilleur buteur du tournoi avec 6 réalisations, il reçoit également le trophée du meilleur joueur du tournoi par l’UEFA. Il signe une performance inédite pour un joueur français à l’Euro, seulement dépassé par Platini (9 buts).
L’écrasante majorité des maillots de l’Equipe de France vendus sont floqués au nom de Griezmann. Le rayonnement de la star est total. Le joueur fait l’unanimité. Il plait aux enfants pour sa grinta, aux filles pour sa beauté, aux jeunes pour sa technique, aux passionnés pour son intelligence de jeu, aux parents pour son côté bon garçon, aux grands-parents pour sa joie de vivre communicative. Par son profil -joueur non issu de l’immigration- il rappelle Jean-Pierre Papin.[3]

 

« Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays. » (Kennedy)

Il est l’inverse d’un Benzema qui doit tout à la formation française mais qui se met une majorité du pays à dos avec ses accusations. « Qu’est-ce que la France a donné à Benzema pour que Benzema doive le rendre à la France ? » récrimine son agent, alors que même que Benzema a bénéficié depuis son enfance du centre de formation de Lyon. Pour Antoine Griezmann, c’est le contraire. Il a dû s’exiler à 13 ans en Espagne. Aucun centre de formation français ne voulait de lui, le jugeant trop frêle, trop petit, pas assez physique. A l’époque, on privilégie des joueurs costauds, donc souvent blacks puisque leur maturité physique est plus précoce. Par chance, le recruteur Eric Olhats remarque le talent de ce garçon différent : « Je vois un gamin tout petit tout blond, donc il dépareillait déjà des autres. » Mais son génie balle au pied crève les yeux. « Il faisait des gestes techniques géniaux. » Le gamin part pour le club de la Real Sociedad, pleure toutes les larmes de son corps de devoir quitter sa famille. Malgré ce rejet initial par la France, il a toujours exprimé son amour du maillot français, nonobstant sa vie quotidienne espagnole (il joue à Madrid et sa femme est espagnole).
Antoine Griezmann se fait un devoir de toujours avoir le sourire avec les supporters, d’aller signer des autographes et de prendre des photos. « Je veux continuer comme ça parce que c'est une fierté pour moi. » Gueule d’ange, toujours souriant, le jeune Griezmann est le nouveau chouchou des Français, à son grand plaisir : « J'en suis très fier. C'est vraiment quelque chose qui me rend heureux. »

La France se reconnait dans Griezmann. Malgré son statut de footballeur professionnel, il les rejoint dans leurs expériences, même les plus douloureuses. Notamment dans l’épreuve du terrorisme. Sa sœur, dont il est très proche, était au Bataclan le soir des attaques de l’Etat Islamique. Le même soir, Antoine jouait au Stade de France contre l’Allemagne. Livide dans les vestiaires, il sait instinctivement que sa sœur assiste au concert du Bataclan. Par chance, elle survit aux attentats. Antoine publie alors ces tweets évocateurs : « Grosse pensée pour les victimes des attaques. Dieu prend soin de ma soeur et des Français. #ViveLaFrance » puis « Grâce à Dieu ma soeur a pu sortir du Bataclan. Toutes mes prières vont aux victimes et leurs familles. #ViveLaFrance ». Pendant l’Euro, après le France-Irlande, Antoine Griezmann offre le ballon du match au fils du policier tué par un islamiste à Magnanville. Un geste qui exprime sa compassion particulière pour les victimes du terrorisme.

 

La star de football, le visage de son pays

La France a trouvé sa mascotte, sa figure de proue à l’étranger. D’autres nations ont trouvé leur joueur phare.
En Allemagne, le débat autour du patriotisme d’Özil, un temps considéré comme révélation du football allemand, a moins d’acuité depuis que la star de la Mannschaft est Thomas Müller. Le très populaire attaquant est l’archétype de l’Allemand next door, sympa, venant d’un petit village, servant de messe dans son enfance (à l’instar d’un Klose), joueur au service du collectif, drôle, intelligent, et marié à une cavalière. Les Allemands peuvent s’identifier au Bavarois. A travers son statut, Thomas Müller représente idéalement l’Allemagne à l’international. Comme Gianluigi Buffon pour l’Italie, Cristiano Ronaldo pour le Portugal, Andrés Iniesta pour l’Espagne ou Gareth Bale pour le Pays de Galles. Comme hors d’Europe, Lionel Messi pour l’Argentine, James Rodriguez pour la Colombie ou Neymar pour le Brésil.

L’attaquant Thomas Müller et sa femme, Lisa, en habits traditionnels bavarois, pour l’Oktoberfest de Münich

 

Les centres de formation en France, la loi des canailles

Contrairement à l’Allemagne, il y a un manque de diversité dans le recrutement des footballeurs en France. Les banlieues parisiennes sont surreprésentées dans les centres de formation de manière disproportionnée. L’émergence d’un Thomas Müller, venu de la campagne, est plus facile en Allemagne qu’en France. Parmi les Blancs formés footballeurs aujourd’hui, beaucoup sont fils de prof de sport, ou issus d’un milieu sportif. Ce qui montre l’enjeu de rendre de nouveau le football attractif pour les classes moyennes, qui ne sont plus un vivier du recrutement du football alors qu’elles le sont chez nos voisins. Autre difficulté, les joueurs français sont souvent barrés en sélections de jeunes par des binationaux qui finissent par rejoindre la sélection de leur pays d’origine, au détriment de ces joueurs qui n’auraient joué que pour la France.
Griezmann a fait les frais d’une politique de sélection indirectement anti-blanche. A l’époque, les clichés racialistes des formateurs français sont légion : le joueur noir est vu comme un nouveau Patrick Vieira, le beur comme un nouveau Zidane. Comme les entraîneurs veulent gagner dès les sélections de jeunes, les profils de Noirs costauds et peu techniques font florès, tandis que le petit Blanc technique, dont la maturité physique arrive en moyenne plus tardivement, est éjecté. Cette politique stupide, peut-être inspirée du traumatisme des Français agiles techniquement mais perdant face aux grands gabarits Allemands, a été invalidée par la domination espagnole sur le football mondial, entre 2008 et 2012, basée sur des joueurs petits et techniques. Il n’est pas anodin que les trois joueurs blancs de champ de l’Euro 2016 (Giroud Griezmann Koscielny), pour des raisons différentes, aient tous vécu un parcours du combattant avant de devenir footballeur.
Les politiques de recrutement ont été largement infléchies depuis. A lui seul, le cas Antoine Griezmann, raté par les centres français et qui ne doit son salut qu’à l’Espagne, a été une leçon pour les dirigeants qui ont réorienté leurs critères de détection. Ensuite, le scandale de la Coupe du Monde de 2010 a conduit les responsables du foot français à donner une place prépondérante à l’attitude, au comportement, aux résultats scolaires des jeunes postulants footballeurs. Elle les a aussi conduits à faire attention aux équilibres communautaires, c’est-à-dire, de manière informelle, à veiller à ce que pas trop de joueurs issus des banlieues ou de musulmans ne composent les vestiaires, pour créer des groupes harmonieux.

Le « babtou » en football, celui à qui l’on « fait la hagra »[4] : l’exemple Valbuena

Finalement, éviter la formation française a été la grande chance de Griezmann. Il est formé en Espagne, où le collectif prime sur l’individualité, où le jeu en équipe sous la forme de passes est enseigné dès le plus jeune âge, où l’éducation et les valeurs sont primordiales, où la mentalité est bien meilleure, avec des joueurs purement espagnols, protégés de la mentalité racaille. En France, l’individualisme des jeunes joueurs et la mentalité banlieusarde est dominante. Les clans s’épanouissent, impitoyables pour le faible. Le blanc, le « babtou », est isolé au milieu de ces communautés.
Mathieu Valbuena, cible d’un chantage par la clique de Benzema, mais qui a eu le courage de briser l’omerta, a vécu jeune toutes les embûches. D’abord écarté des centres de formation pour sa taille, il devient le souffre-douleur durant ses débuts à l’OM. Habib Beye, Samir Nasri ou Franck Ribéry le prennent pour cible jusqu’à l’acharnement malsain. Un coéquipier le blesse volontairement à l’entraînement. Des plaisanteries jamais signées s’enchaînent sans répit : voiture déplacée et remplie de journaux, vêtements découpés et remplis de produits irritants, et pire. Des années plus tard, Nasri était le premier nom évoqué par les voyous pour escroquer Valbuena dans l’affaire de la sextape, mais avec son passé à l’OM, il n’était pas assez crédible pour passer pour l’ami de Valbuena. Benzema est alors choisi pour être l’intermédiaire. Prétendant aider Valbuena, il le traite de « tarlouze » ensuite devant son complice. La trahison est amère. Mathieu Valbuena, victime incessante.

A la Real Sociedad puis à l’Atletico Madrid, Antoine Griezmann est intégré dans des groupes soudés, avec une mentalité espagnole loin de la mentalité ‘racaille’ de beaucoup de centre de formation français
Le chaos de Knysna, avec ses joueurs irrespectueux de la hiérarchie et du pays, a provoqué une chute du nombre de licenciés dans le foot : la figure de Griezmann, auxquels les Français de base peuvent s’identifier, provoquera-t-elle le mouvement inverse ? Il est très probable qu’il suscite des vocations. Mais les problèmes du foot amateur, avec dans certaines villes des équipes quasi délinquantes dès les groupes enfants, est une des réalités qui éloigne le plus les Blancs du foot. Pour ramener les classes moyennes au football, il faudra des politiques énergiques pour neutraliser les voyous du football.

(Lire la suite de l’enquête : Benzema contre Giroud, le racisme inversé)




[1] La catastrophe des Bleus en Afrique du Sud a calmé les récupérations sur la force du « multiculturalisme ». Si l’on attribue la victoire de 1998 aux origines « Black Blanc Beur », la défaite des Bleus de 2010 est-elle celle d’une Equipe trop métissée et islamisée ? Les équipes 100% blanches de l’Italie et de l’Espagne ont gagné les Coupes du Monde 2006 et 2010. Les tenants du multiculti doivent donc se méfier du réductionnisme ethnique en football. On pourrait aussi dire que ce sont souvent des équipes très chrétiennes qui gagnent. Humoristiquement, un article allemand s’est amusé à montrer que les sélections et joueurs catholiques ont plus de succès que leurs homologues protestants ou d’autres religions.  En réalité, les lignes de fractures, générationnelles, religieuses, ethniques - ex-Yougoslavie, Pays-Bas- ou entre clubs d’origine - OM contre PSG, Real contre Barça - sont potentiellement néfastes en sélection, mais peuvent être transcendées par un projet commun. Par exemple, Vincente del Bosque qui unit l’Espagne du foot et réconcilie la nation.

[2] Les joueurs du PSG sont en majorité fervents chrétiens. Une « christianisation » qui coïncide avec l’arrivée des joueurs de rang mondial, éloignés de la mentalité du foot français.

[3] L’émergence d’Antoine Griezmann invalide le récit postulant qu’il advient nécessairement que le meneur de l’Equipe de France soit un représentant de la dernière vague d’immigration : après Kopa de Pologne, Platini d’Italie, Zidane d’Algérie, cette logique voudrait que c’eût été un représentant subsaharien, comme Pogba. Ce ne fut pas le cas.

[4] « Hagra », de l’arabe dialectal du Maghreb, est ainsi défini par le reporter Mongaillard : « signifie à la fois mépriser, humilier et commettre une injustice par la force. Ainsi, « faire la/une hagra » à quelqu’un, c’est soit, à travers des mots blessants, de la méchanceté gratuite, lui « faire la misère », soit, physiquement, le voler, le dépouiller, voire le frapper. »

2 commentaires:

  1. Bravo,excellent article si révélateur de la France d'aujourd'hui.

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    1. Merci beaucoup pour votre commentaire encourageant et juste.

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