mardi 30 août 2016

Patriotisme, religion, débats identitaires : ce que l’Equipe de France à l’Euro a changé. Ce qu’elle nous enseigne. (2e partie)

2/2 : Benzema contre Giroud, le racisme inversé


FABLES DU FOOTBALL

Enquête

Si l’Equipe de France n’a pas gagné l’Euro 2016, elle est arrivée en finale, prouesse inédite en 10 ans. Au-delà de la performance sportive, les Bleus ont réussi à gagner le cœur du public. La situation a changé depuis le fiasco de la Coupe du Monde 2010 à Knysna, apogée du foot-racaille. Ce renouveau a plusieurs facettes. 
2e partie

Olivier Giroud célèbre le 1er but contre l’Islande, les doigts pointés vers le ciel, avec Antoine Griezmann

 

L’affaire Benzema : accuser la société plutôt que se remettre en cause

 

Beaucoup de personnes d’origine maghrébine, par affinité communautaire, n’ont pas soutenu les Bleus pendant l’Euro, comme le montre cet article du Monde. « J’ai l’impression qu’il y a plus de détracteurs de l’équipe de France, comme si les reproches sur le style de jeu masquaient la rancœur de ne pas y voir les nôtres. » lance, comme un aveu, le président d’un club de futsal. « Ma génération est déçue qu’il n’y ait pas de reubeus des quartiers, des mecs qui nous ressemblent » affirme sans ambages un responsable associatif. Benzema et Ben Arfa sont absents. « Il manque aux yeux de beaucoup ces deux joueurs qui leur ressemblent » s’apitoie la journaliste du Monde. Pourtant il y a un franco-marocain, Adil Rami : n’est-il pas assez maghrébin pour qu’ils s’identifient à lui ? Pas assez « banlieues », pas religieux, trop coquet? (pour l’anecdote, le défenseur, ancien employé de la ville de Fréjus, a reçu le soutien de la municipalité actuelle FN !).
La victimisation bat son plein : « On ne veut pas de rebeus en Equipe de France ». Des banlieusards évoquent « l’acharnement médiatique » dont est victime Benzema. Le chantage contre son coéquipier Mathieu Valbuena, qui plus est pendant un rassemblement des Bleus, est passé sous silence. La victime de Benzema n’a pas été sélectionnée pour l’Euro. Double peine pour l’ex meneur de jeu de l’Equipe de France, très performant en sélection : mais Valbuena, par respect pour les Bleus, s’interdit de faire des lamentations publiques pendant l’Euro. Pourtant, ce n’est pas lui qui suscite la compassion : « Il y a une identification aux joueurs exclus », donc à Benzema l’instigateur.
Après les incendies allumés par Cantona, qui insinue que Deschamps, au nom trop français, est raciste, et par Debbouze, déçu par l’absence de « nos représentants », Benzema prend la confiance et dénonce « la partie raciste de la France ». Il y a de l’indécence à qualifier ainsi une France qui a adulé Zinedine Zidane, d’origine algérienne, jusqu’à justifier son coup de tête en finale de 2006. Beau prétexte pour se dédouaner de sa responsabilité. Il n’est pas suivi. Les joueurs sélectionnés à l’Euro prennent mal ces déclarations qui créent la polémique autour de l’Equipe de France en pleine préparation. Benzema se fait même reprendre par le président de SOS Racisme.
Cette fausse accusation de racisme est un racisme inversé. Le concurrent au poste de Benzema, Olivier Giroud, en fait les frais. 

 

Giroud et le racisme anti-Blanc

 

« Il y a les pro-Karim et les pro-Giroud » résumait Olivier Giroud dans L’Equipe, afin d’expliquer la haine que lui vouait une partie du public, malgré ses très bonnes statistiques en Bleus. En l’absence de Benzema, Giroud a récupéré la place de titulaire en pointe de l’attaque.

L’opposition Benzema/Giroud est entretenue depuis plusieurs années par l’entourage de Benzema. L’agent de Benzema, Karim Djaziri, prend à partie, parfois physiquement, les journalistes pas assez laudateurs vis-à-vis de son poulain. Daniel Riolo racontait que dès qu’il parlait de Benzema, Djaziri embrayait sur Giroud : « Il m’a demandé : « Mais qu’est-ce que tu lui trouves à Olivier Giroud ? Où est le problème ? » « Vous et votre Giroud » ». « Quand tu émets un avis contradictoire, on te renvoie à Giroud, le « Blanc ». Mais peut-on critiquer Benzema sans être facho ? Je ne veux pas raccourcir à ce point le débat, mais nous sommes là dans l’expression d‘un communautarisme galopant. »

L’opposition Giroud Benzema rappelle l’opposition Gourcuff Ribéry. Bien que leurs profils fussent complémentaires, sur le terrain, Benzema boycottait Giroud, comme Ribéry boycottait Gourcuff. Ce refus de jouer digne des cours de récré résulte d’une jalousie. Giroud, comme Gourcuff hier, est beau, s’exprime bien, a fait des études, n’écoute pas de rap, ne représente pas la France des quartiers mais sa région dont il est fier : détonnant par rapport au milieu du football. L’exclusion de Benzema, dont les performances médiocres en Equipe de France n’avaient pas suffi à le mettre sur le banc, est la chance pour Giroud de faire ses preuves.  

Giroud, bouc-émissaire des pro-Benzema, subit des avanies

Avant l’Euro 2016, le Giroud bashing bat son plein. Le ressentiment est fort contre le joueur qui remplace Benzema. La « France » qui siffle Giroud ressemble à la « France » qui sifflait « La Marseillaise ». Les humoristes du Jamel Comedy Club se paient le joueur. Les rappeurs l’insultent. Les réseaux sociaux le vannent. Une page Facebook appelant à ce qu’il se blesse avant l’Euro réunit jusqu’à 150 000 personnes. L’animosité envers Giroud n’est pas de l’ordre du sportif. Il est coupable d’un « délit de pâle gueule », comme les journalistes sportifs le constatent : « Ce qui embête certains, c’est que c’est le Céfran. » Trop Gaulois. Trop Blanc.



Le harcèlement de Gourcuff se faisait à l’intérieur d’une équipe ; pour Giroud, il vient de l’extérieur. Les supporteurs de Benzema sont impuissants à influencer les choix de Deschamps. Alors, pendant la préparation, ils lui réservent un traitement spécial, à lui et à lui seul, afin de le faire craquer. Il est hué dans les stades. A la sortie de l’hôtel, aux entraînements, aux séances de dédicaces, il est pris à partie. Un enfant se présente devant lui avec la pancarte « Giroud blesse toi stp ». Giroud, habitué des sifflets des publics adverses en tant que joueur phare de son équipe, a un gros mental. Mais il ne comprend pas ces sifflets, quolibets et insultes venus de son propre camp, d’autant qu’il sort d’une série exceptionnelle de 8 buts en 8 matchs. Ce solide gaillard, pas insensible à se savoir aimé, se retrouve au bord des larmes, pendant l’hymne ou dans la zone mixte face aux journalistes, dans un Euro qu’il prend à cœur plus que les autres. D’ordinaire léger, positif, insouciant, il apparaît grave et fermé, même en célébrant ses buts. Quand un sondage le place parmi les joueurs préférés des Français, le Savoyard s’étonne de se savoir, en fait, aimé. La France des quartiers qui le déteste bruyamment n’est pas représentative du pays.




Ce Twitto commentateur sportif aux 20 000 followers a publié ces deux tweets la même journée. Depuis, il a supprimé… le 1er tweet. Involontairement, ils constituent une illustration de l’inversion accusatoire, qui cache un racisme anti-Blanc. A l’époque, Giroud n’avait pas fait son coming out catho télévisuel, mais le twitto associe le fait d’être catholique à la culture française qu'aiment les Français.

Le discours victimaire des coupables

L’affaire Benzema aide à comprendre le mécanisme du racisme antiblanc : quand Benzema explique sa non-sélection par le racisme, il condamne implicitement le joueur qui a pris sa place et qui serait illégitime. Benzema n’est pas là car arabe, donc Giroud est là car blanc. Une accusation miroir. Pour eux, Giroud incarne avant tout la France profonde et celle des « boloss ». Un usurpateur : il n’est pas bien vu dans ces milieux que l’attaquant vedette soit un Français « jambon-beurre ». Une faute de goût. On comprend l’insistance d’Olivier Giroud à se dire issu de la classe moyenne, et ni de famille aisée, ni « bourge ». L’étiquette de jeune « favorisé » est difficile à porter.

Gourcuff fut perçu par ses collègues de la même manière. Dans une interview surréaliste aux Inrocks, Nicolas Anelka se plaint de la sympathie à l’encontre de celui qu’ils ont eux-mêmes ostracisé : « On a vu le vrai visage de la France. Dans les moments difficiles, on voit ce que les gens pensent vraiment. On disait "Ribéry a frappé Gourcuff. Gourcuff, le bon Français, Ribéry, le musulman". C’est parti trop loin. Quand on ne gagne pas, en France, on parle toute de suite des religions, des couleurs…. » Après avoir mis en accusation la France, il met en cause leur coéquipier qui la représente mieux qu’eux. Le coéquipier qu’ils ont traité comme un (sous) chien. Par l’inversion accusatoire, ces joueurs conjuguent dégoût vis-à-vis de la France et préférence confessionnelle assumée. Abidal, autre taulier de Knysna, dans un portrait complaisant pour Libération, se lâche : « Pourquoi on ne met jamais dans le même panier Ribéry et Gourcuff ? Pourquoi on parle de cette histoire à des mecs comme Benzema et Nasri alors qu’ils n’étaient même pas là ? Je pense savoir pourquoi mais je préfère ne rien dire. Je ne laisserai jamais tomber des mecs comme Anelka ou Ribéry, ce sont mes frangins. » Le journaliste de Libération admire : « La fraternité d’Abidal envers des gars comme Ribéry, Anelka ou Benzema n’est pas le simple fruit du hasard. Ils ont les mêmes codes, la même culture et ils se sont construits dans le même environnement. » Ribéry, Anelka ou Benzema sont frères, de la même Oumma. Gourcuff n’est pas le frère. Giroud n’est pas le frère.

Ni Gourcuff ni Giroud n’ont essayé de se victimiser. Ils n’ont ni cherché, ni même compris, l’inimitié qu’ils ont reçue. Ils ont subi les conséquences du discours qui fait du Blanc un privilégié. Les rhétoriques communautaristes et gauchistes se rejoignent.
La France raciste ? « Finalement, cela les arrange bien d’invoquer cela » avoue anonymement un responsable du football français. Ça leur évite de questionner leur comportement : attitude vis-à-vis de leurs collègues, irrespect des sélectionneurs successifs, affaires de justice (chantage, prostituées mineures…). Ça leur évite de questionner leurs performances sportives en sélection : l’Equipe de France joue mieux sans ces joueurs individualistes. Les trois convertis à l’islam ne chantaient pas la Marseillaise, Benzema non plus. Pendant ce temps, Giroud parle ainsi de l’hymne français : « J’ai appris l'hymne par cœur avec ma grand-mère quand j'étais gamin. Elle s'appelle Antonia, d'origine italienne. Je n'avais pas dix ans et elle tenait absolument à ce que je maîtrise à la perfection toutes les paroles et surtout le sens de chaque phrase. Cela fait partie des valeurs qu'on m'a inculquées et qui ont un sens aujourd'hui. » Quel patriote ne se sentirait pas plus proche de Giroud, qui de plus cite De Gaulle comme son personnage historique de référence ?

Après son doublé contre l’Ecosse, Giroud, pour répondre aux sifflets, embrasse le maillot

 

Quand Olivier Giroud s’ouvre sur sa foi chrétienne

 

Confesser Jésus publiquement

Dans une vidéo de la Fédération Française de Football, Olivier Giroud décrit son quotidien à l’Euro. Il dévoile ses activités : « De temps en temps, je passe un petit moment avec Jésus », dit-il en ouvrant un livre de spiritualité quotidienne. Une profession de foi chrétienne inattendue et inédite. Malgré une pudeur perceptible, le joueur choisit de parler de sa foi. Il n’est pas évident de se déclarer chrétien. Moins facile que pour un musulman, qui fera l’objet d’un soutien communautaire, quel que soit par ailleurs son comportement. Pour le joueur musulman (Nasri, Benzema, Özil…), il est banal d’exhiber son appartenance religieuse sur les réseaux sociaux (souhaiter bon aïd et bon ramadan aux musulmans, se photographier à la Mecque etc.), sans se soucier de mode de vie pieux ou exemplaire.
Le témoignage d’Olivier Giroud a fait ricaner, notamment chez les journalistes : évoquer le nom de Jésus publiquement est incongru. Beaucoup de musulmans se sont lamentés de cet affichage chrétien. Mais l’attaquant s’est aussi attiré des sympathies nouvelles, notamment chez les Noirs chrétiens (ce sont très majoritairement les jeunes d’origine maghrébine et africaine qui insultent Giroud sur les réseaux sociaux) et chez les Chrétiens d’Orient, qui n’imaginaient pas forcément un Français de souche parler de sa foi. Pour ces derniers, persécutés pour leur appartenance religieuse, le témoignage public de la foi chrétienne est un signe de réconfort et de solidarité.

Affirmation identitaire, fierté chrétienne et démarche spirituelle

De manière visionnaire, nous avions écrit un article sur le phénomène de ces footballeurs français affichant de plus en plus leur foi catholique. En actualisant avec les footballeurs présents à l’Euro, le constat dressé dans cet article reste valable. Outre les tatouages religieux déjà évoqués de Giroud, Cabaye, Griezmann, l’Alsacien Morgan Schneiderlin arbore une grande croix au mollet gauche, son seul tatouage. L’attaquant André-Pierre Gignac ne cache pas sa foi, et confie, à l’instar de Giroud, avoir la Bible comme livre préféré.
Certains lecteurs ont injustement réduit ce phénomène à de la superstition. Or, il y a une vraie démarche chez certains de ces footballeurs. Elle s’accomplit aussi de manière discrète. Pendant l’Euro, dans le village de Clairefontaine, le seul endroit où il est possible de croiser des joueurs de l’Equipe de France est l’église : « Le directeur de Clairefontaine m’a appelé l’autre jour, raconte le maire, et il m’a dit : “Il y a des joueurs qui voudraient se recueillir.” Alors j’ai fait ouvrir l’église deux heures, et certains joueurs sont venus prier incognito. » Le curé explique « avoir laissé une clé » au staff des Bleus pour qu’ils puissent venir à leur guise. Cette affirmation catholique de nombreux footballeurs de souche, paradoxale dans une population française où l’importance de la religion décline, est difficile à expliquer. Comme facteurs, on peut pointer un héritage familial qui a su transmettre la foi, peut-être d’ailleurs d’origine étrangère (italienne, portugaise…), le besoin d’affirmation visible face à la montée de l’islam (pour ne pas s’assimiler à l’envers comme Ribéry), l’influence de grands joueurs chrétiens. Enfin, l’attachement religieux se fait dans la continuité de l’enracinement local plus revendiqué (Savoyard, Nordiste, Mâconnais, Alsacien etc.). Une tendance annonciatrice d’évolutions de la société française confrontée à l’affirmation de l’islam ?
Ce phénomène ne doit pas être réduit à un affichage communautaire. Ces joueurs sont soumis aux mêmes tentations du milieu du football. Ils ne prétendent pas être parfaits et ne sont pas tous au même niveau de pratique. Mais on peut identifier clairement l’impact positif du christianisme sur l’Equipe de France. Il se voit d’abord dans la relation apaisée avec la France, alors que beaucoup de joueurs musulmans, comme vu plus haut, exprimaient du ressentiment et du malaise par rapport à leur pays. Ensuite, dans l’attitude saine vis-à-vis des coéquipiers, l’absence de coups bas, d’insultes aux sélectionneurs, une atmosphère que ne connaissait plus l’Equipe de France des dernières années. Enfin, dans la valeur du pardon, comme possibilité d’une rédemption. Après la révélation de frasques, quand beaucoup de joueurs musulmans se braquent, en accusant les médias et l’opinion publique, des joueurs catholiques assument leurs erreurs, présentent leurs excuses pour leurs fautes et ne bronchent pas devant une punition. Par exemple, le journal Le Monde en réfère à cette repentance catholique pour expliquer pourquoi Antoine Griezmann, après une virée nocturne fautive avec les Espoirs à 21 ans, a accepté sans contestation la lourde peine qui lui était infligée (un an de suspension, sanction pour l’exemple), pour revenir plus fort et plus mature en sélection. 

Un site communautariste musulman a réalisé ce montage, opposant Giroud le chrétien à l’islamité de Benzema. Avec sa surprenante profession de foi, Giroud prononce encore plus le clivage qui l’oppose à Benzema et qui le fait détester par beaucoup : blanc et croyant -catholique
Le secours de la foi a aidé Olivier Giroud à dépasser l’animosité dont il faisait l’objet. Parler de son attachement au christianisme l’a sans doute fait davantage détester par ses détracteurs, tant il assume sa différence, y compris religieuse, par rapport à ce que représente Benzema, et renforce implicitement son image de « bon Français ». Mais la prière lui a permis de tenir mentalement dans un contexte où il savait qu’aucune contre-performance ne lui serait pardonnée. Le psaume 23, « Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien », tatoué en latin sur son bras droit, résonne comme une promesse. Et Giroud s’en est sorti. Il a fait taire les siffleurs, devenus honteux et isolés. Avec de belles performances tout au long de l’Euro, il a été récompensé du soulier de bronze, comme 3e joueur le plus décisif du tournoi. Sa relation technique et sa complicité évidente avec Antoine Griezmann font du duo la plus belle paire offensive d’Europe.

Griezmann et Giroud, félicités par leur équipementier Puma pour leur Euro


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A l’avenir, un retour de Benzema en Bleus serait catastrophique, comme lorsque Laurent Blanc a voulu reprendre les leaders négatifs dans la sélection (qui se sont effectivement à nouveau comportés comme des leaders négatifs). Mais cette hypothèse est peu probable. Deschamps a mal pris la polémique alimentée par le joueur du Real, lui dont la maison a été taguée du mot « raciste ». L’Euro a démontré que l’absence de Benzema bénéficie sportivement au groupe, tout en l’allégeant d’un élément toxique. Après que Benzema a insulté la majorité des Français ne souhaitant pas son retour, l’opinion publique lui sera plus défavorable que jamais.
En se laissant influencer par un entourage douteux, Benzema a fait les mauvais choix et s’est enferré dans le déni. Une attitude qui ne lui rend pas service, et que le groupe France, assaini, ne veut plus voir.


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Ces tendances nouvelles dans le football montre qu’il n’y a pas de mouvement inéluctable vers la montée de l’individualisme, « racaillisation », islamisation, disparition des joueurs blancs… Ces évolutions semblaient irrésistibles hier, mais elles ont connu leur développement contraire. 

Patriotisme, religion, débats identitaires : ce que l’Equipe de France à l’Euro a changé. Ce qu’elle nous enseigne. (1ere partie)

1/2 : Comment l’Euro 2016 efface Knysna. Le symbole Griezmann.

FABLES DU FOOTBALL
Enquête

Si l’Equipe de France n’a pas gagné l’Euro 2016, elle est arrivée en finale, prouesse inédite en 10 ans. Au-delà de la performance sportive, les Bleus ont réussi à gagner le cœur du public. La situation a changé depuis le fiasco de la Coupe du Monde 2010 à Knysna, apogée du foot-racaille. Ce renouveau a plusieurs facettes. Abordons sans tabou les questions ethniques, religieuses et de racisme qui entourent l’Equipe de France, les « bolossages » qu’ont connus Valbuena, Gourcuff ou Giroud, ou le renouveau de l’amour du maillot.

1ere partie

La joie des Bleus après un but de Griezmann

 

L’Equipe de France représente mieux

 

Une nation ne juge pas son équipe qu’à ses résultats sportifs, mais à la personnalité de ses joueurs. L’Equipe de France de l’Euro fut unie et simple, loin des clans ethnico-religieux qui avait miné l’Equipe de France de Domenech.

Coupe du Monde 2010, le pouvoir des caïds

En 2010, le groupe est divisé en clans selon les cultures, les origines, les couleurs de peau. Le milieu d’origine béninoise Sidney Govou déclarait que « dans la vie de tous les jours, on cherche des affinités, alors en équipe de France aussi. Et quand on cherche des affinités, la couleur c’est la première chose qui vient à l’esprit. » Domenech n’avait pris aucun des trois joueurs maghrébins (Nasri, Benzema, Ben Arfa) pour préserver l’ambiance de groupe. Visiblement, il avait sous-estimé le nombre d’égos surdimensionnés, notera un journaliste.
Dans l’Equipe de France version 2010 prévaut un islam prosélyte, qui sera à la mode en Ligue 1. C’est la question des revendications religieuses, des buffets halals aux douches en caleçons en passant par les prières de vestiaire. Ce n’est pas l’islam d’un Abou Diaby ou d’un Alou Diarra, d’origine africaine, dont le comportement fut sans reproche. Mais celui d’un clan de convertis, Franck Ribéry, Eric Abidal et Nicolas Anelka, conjugué à une culture « banlieusarde » (rapport particulier à la femme, aux activités illégales, méfiance vis-à-vis de la France, logique de clan). Les caïds des bacs à sables se posent en leaders néfastes. Ils décident d’humilier, sur le terrain et en dehors, le joueur qui ne plaît pas, qui est différent culturellement. La cible du boycott est le jeune milieu Yoann Gourcuff, alors âgé de 23 ans mais jalousé pour sa popularité. Résultat : zéro passe dans les matchs, entraînements sabotés, bizutages et insultes pour le reléguer chez les remplaçants. Cette ostracisation sans équivalent dans l’histoire du football français n’a jamais été dévoilée entièrement (mais cette enquête recoupe bien ce qu’il s’est passé [LIEN MODIFIE LE 5 JUIN 2017]). La leçon politique renvoyée serait terrible. L’Equipe de France fut guidée par des meneurs de jeu emblématiques, Kopa d’origine polonaise, Platini d’origine italienne, et Zidane d’origine algérienne. Le capitaine Henri Michel laisse le jeune Michel Platini sûr de lui tirer un coup franc mythique contre la Tchécoslovaquie. Le sélectionneur Aimé Jacquet évince le capricieux Eric Cantona en 1998 pour permettre au jeune Zidane de s’épanouir. Mais quand les rênes de l’équipe durent être confiés au breton Yoann Gourcuff, les autres joueurs refusent. Ils pensent qu’il est privilégié car blanc issu de la classe moyenne. En 2010, il ne fait pas bon être trop Français en Equipe de France. Le sélectionneur laisse faire et cède. L’équipe finit dans la honte d’une grève.

 

Euro 2016, un groupe qui sait se faire aimer

L’équipe de 2016 est très différente. Un seul cadre de Knysna est encore présent, Patrice Evra.
Malgré une majorité de joueurs noirs, l’équipe est culturellement plus équilibrée qu’en 2010. Dans les postes en vue se trouvent des joueurs « de souche » : les patrons de l’attaque Antoine Griezmann et Olivier Giroud, le Réunionnais star des poules Dimitri Payet, l’exemplaire capitaine Hugo Lloris, le taulier de la défense Laurent Koscielny. Certes, le seul Maghrébin est Adil Rami. Mais les joueurs maghrébins phares, Benzema, Nasri et Ben Arfa, ne se sont pas rendus indispensables. Après Knysna où ils n’étaient pas présents, les trois ont connu des problèmes de comportement en sélection.[1]

Patriotisme et bonne attitude des joueurs

L’Equipe de France, purgée de ses éléments toxiques, est diverse mais patriote. Loin de l’esprit racaille de cité dominant en 2010, le groupe montre un visage uni et plaisant. Cette image sage est aussi assurée par une communication cadenassée, pour contrôler les joueurs les plus impétueux en particulier Paul Pogba.

Le sélectionneur a fait attention à la cohésion de groupe. Il choisit des joueurs qui accepteront un poste de remplaçant plutôt que Ben Arfa, et préfère Lucas Digne à Layvin Kurzawa apparu dans un clip du rappeur Booba. Exit Karim Benzema, impliqué dans le chantage à la sextape contre son coéquipier en Equipe de France Mathieu Valbuena. Cet acte anti-fair play de Benzema passe mal auprès de ses collègues en Bleus, qui rechignent à le défendre. Didier Deschamps renonce alors à le sélectionner. 

Le « clapping » des joueurs après leur victoire face à l’Allemagne en demi-finale

 

L’importance de l’hymne national

Fait inédit, les joueurs français chantent tous l’hymne. Le patriotisme est tendance, le profil « mercenaire » passent de mode. Les jeunes maghrébins, souvent soumis à ce dilemme, s’orientent davantage vers la sélection de leur pays d’origine. La France n’est pas un cas unique : la Pologne par exemple recourt moins aux naturalisés. Par « mercenaire », il s’agit souvent des binationaux choisissant une sélection principalement par opportunisme sportif. Karim Benzema a choisi cet état d’esprit. Il choisit de ne pas chanter l’hymne national. Il se justifie : « Ce n'est pas parce que je vais la chanter que je vais mettre un triplé derrière » « Si je ne chante pas 'La Marseillaise', que le match commence, que je mets trois buts, je pense qu'on ne va pas dire à la fin du match que je n'ai pas chanté 'La Marseillaise’ Justement : Benzema n’a jamais marqué de triplé en Equipe de France. S’il chantait l’hymne, il lui serait sans doute pardonné de ne pas marquer. « On ne va pas me forcer à chanter La Marseillaise », certes, mais il faut alors assumer le manque de popularité.

Le fait que Zidane ou Platini ne chantaient pas ne le dédouane pas. La situation a changé dans les sélections. Aujourd’hui, les hymnes nationaux ont pris beaucoup d’importance. Hier, l’équipe de Baggio ne chantait pas l’hymne italien, aujourd’hui, la ferveur des joueurs au moment d’entonner le « Fratelli d’Italia » est sans égale. En Allemagne, les polémiques sur l’hymne sont les mêmes qu’en France. Le fait que les joueurs d’origine étrangère ne chantent pas le « Deutschlandlied » fait grincer des dents. L’image est saisissante quand Mesut Özil d’origine turque, Jerome Boateng d’origine ghanéenne et Sami Khedira d’origine tunisienne sont les seuls de la Mannschaft à rester muets. Quand Boateng s’est mis finalement à chanter l’hymne, pendant l’Euro 2016, il a calmé les polémiques à son encontre. 

 

2016, une Equipe de France très chrétienne

Depuis plusieurs années, même si la question est taboue, les codes de l’islam imprègnent le football français (pas à l’étranger). Gilles Kepel parlait d’une « hallalisation » de l’Equipe de France. Dans les vestiaires, on se met à distinguer le pur et l’impur, on impose le rap. On retrouve cette culture irriguant les clubs de Ligue 1, mais paradoxalement pas au PSG, composé de joueurs étrangers (européens et sud-américains)[2]. L’islam est la religion à la mode du footballeur français. Le média communautaire RespectMag et le journal de gauche Rue89 s’en réjouissent jusqu’au triomphalisme : « Certains tendent à percevoir l’islam comme la religion naturelle du sportif de haut niveau. La rigueur individuelle, la discipline corporelle et le surpassement deviendraient par essence, des « valeurs musulmanes » ». Or, de manière surprenante, cette « religion naturelle » du footballeur n’est plus dominante à l’Euro 2016. Il y a 5 joueurs musulmans dans le groupe de 23. La différence par rapport à 2010, plus que leur nombre, est le fait qu’à part Paul Pogba, aucun n’est cadre. Cet islam minoritaire n’est plus celui agressif des convertis de 2010. Les joueurs musulmans ont accepté sans discussions de ne pas suivre le ramadan pendant l’Euro.
En se basant uniquement sur les éléments publics, on peut identifier la religion de la plupart des footballeurs. On constate qu’une majorité est ostensiblement chrétienne (voir joueur par joueur dans cet article). L’Equipe de France présente même une attaque 100% catholique (Griezmann, Payet, Giroud, Gignac, Coman, Martial).
Ce retour du christianisme n’est pas anodin en Equipe de France. La France ressemble désormais davantage aux autres sélections, très chrétiennes, à l’instar du Portugal vainqueur de l’Euro ou de la Pologne. 

 

Antoine Griezmann, la star qui suscite l’adhésion générale

Antoine Griezmann pendant l’Euro

Le héros de la France pendant l’Euro 2016 s’appelle Antoine Griezmann. Meilleur buteur du tournoi avec 6 réalisations, il reçoit également le trophée du meilleur joueur du tournoi par l’UEFA. Il signe une performance inédite pour un joueur français à l’Euro, seulement dépassé par Platini (9 buts).
L’écrasante majorité des maillots de l’Equipe de France vendus sont floqués au nom de Griezmann. Le rayonnement de la star est total. Le joueur fait l’unanimité. Il plait aux enfants pour sa grinta, aux filles pour sa beauté, aux jeunes pour sa technique, aux passionnés pour son intelligence de jeu, aux parents pour son côté bon garçon, aux grands-parents pour sa joie de vivre communicative. Par son profil -joueur non issu de l’immigration- il rappelle Jean-Pierre Papin.[3]

 

« Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays. » (Kennedy)

Il est l’inverse d’un Benzema qui doit tout à la formation française mais qui se met une majorité du pays à dos avec ses accusations. « Qu’est-ce que la France a donné à Benzema pour que Benzema doive le rendre à la France ? » récrimine son agent, alors que même que Benzema a bénéficié depuis son enfance du centre de formation de Lyon. Pour Antoine Griezmann, c’est le contraire. Il a dû s’exiler à 13 ans en Espagne. Aucun centre de formation français ne voulait de lui, le jugeant trop frêle, trop petit, pas assez physique. A l’époque, on privilégie des joueurs costauds, donc souvent blacks puisque leur maturité physique est plus précoce. Par chance, le recruteur Eric Olhats remarque le talent de ce garçon différent : « Je vois un gamin tout petit tout blond, donc il dépareillait déjà des autres. » Mais son génie balle au pied crève les yeux. « Il faisait des gestes techniques géniaux. » Le gamin part pour le club de la Real Sociedad, pleure toutes les larmes de son corps de devoir quitter sa famille. Malgré ce rejet initial par la France, il a toujours exprimé son amour du maillot français, nonobstant sa vie quotidienne espagnole (il joue à Madrid et sa femme est espagnole).
Antoine Griezmann se fait un devoir de toujours avoir le sourire avec les supporters, d’aller signer des autographes et de prendre des photos. « Je veux continuer comme ça parce que c'est une fierté pour moi. » Gueule d’ange, toujours souriant, le jeune Griezmann est le nouveau chouchou des Français, à son grand plaisir : « J'en suis très fier. C'est vraiment quelque chose qui me rend heureux. »

La France se reconnait dans Griezmann. Malgré son statut de footballeur professionnel, il les rejoint dans leurs expériences, même les plus douloureuses. Notamment dans l’épreuve du terrorisme. Sa sœur, dont il est très proche, était au Bataclan le soir des attaques de l’Etat Islamique. Le même soir, Antoine jouait au Stade de France contre l’Allemagne. Livide dans les vestiaires, il sait instinctivement que sa sœur assiste au concert du Bataclan. Par chance, elle survit aux attentats. Antoine publie alors ces tweets évocateurs : « Grosse pensée pour les victimes des attaques. Dieu prend soin de ma soeur et des Français. #ViveLaFrance » puis « Grâce à Dieu ma soeur a pu sortir du Bataclan. Toutes mes prières vont aux victimes et leurs familles. #ViveLaFrance ». Pendant l’Euro, après le France-Irlande, Antoine Griezmann offre le ballon du match au fils du policier tué par un islamiste à Magnanville. Un geste qui exprime sa compassion particulière pour les victimes du terrorisme.

 

La star de football, le visage de son pays

La France a trouvé sa mascotte, sa figure de proue à l’étranger. D’autres nations ont trouvé leur joueur phare.
En Allemagne, le débat autour du patriotisme d’Özil, un temps considéré comme révélation du football allemand, a moins d’acuité depuis que la star de la Mannschaft est Thomas Müller. Le très populaire attaquant est l’archétype de l’Allemand next door, sympa, venant d’un petit village, servant de messe dans son enfance (à l’instar d’un Klose), joueur au service du collectif, drôle, intelligent, et marié à une cavalière. Les Allemands peuvent s’identifier au Bavarois. A travers son statut, Thomas Müller représente idéalement l’Allemagne à l’international. Comme Gianluigi Buffon pour l’Italie, Cristiano Ronaldo pour le Portugal, Andrés Iniesta pour l’Espagne ou Gareth Bale pour le Pays de Galles. Comme hors d’Europe, Lionel Messi pour l’Argentine, James Rodriguez pour la Colombie ou Neymar pour le Brésil.

L’attaquant Thomas Müller et sa femme, Lisa, en habits traditionnels bavarois, pour l’Oktoberfest de Münich

 

Les centres de formation en France, la loi des canailles

Contrairement à l’Allemagne, il y a un manque de diversité dans le recrutement des footballeurs en France. Les banlieues parisiennes sont surreprésentées dans les centres de formation de manière disproportionnée. L’émergence d’un Thomas Müller, venu de la campagne, est plus facile en Allemagne qu’en France. Parmi les Blancs formés footballeurs aujourd’hui, beaucoup sont fils de prof de sport, ou issus d’un milieu sportif. Ce qui montre l’enjeu de rendre de nouveau le football attractif pour les classes moyennes, qui ne sont plus un vivier du recrutement du football alors qu’elles le sont chez nos voisins. Autre difficulté, les joueurs français sont souvent barrés en sélections de jeunes par des binationaux qui finissent par rejoindre la sélection de leur pays d’origine, au détriment de ces joueurs qui n’auraient joué que pour la France.
Griezmann a fait les frais d’une politique de sélection indirectement anti-blanche. A l’époque, les clichés racialistes des formateurs français sont légion : le joueur noir est vu comme un nouveau Patrick Vieira, le beur comme un nouveau Zidane. Comme les entraîneurs veulent gagner dès les sélections de jeunes, les profils de Noirs costauds et peu techniques font florès, tandis que le petit Blanc technique, dont la maturité physique arrive en moyenne plus tardivement, est éjecté. Cette politique stupide, peut-être inspirée du traumatisme des Français agiles techniquement mais perdant face aux grands gabarits Allemands, a été invalidée par la domination espagnole sur le football mondial, entre 2008 et 2012, basée sur des joueurs petits et techniques. Il n’est pas anodin que les trois joueurs blancs de champ de l’Euro 2016 (Giroud Griezmann Koscielny), pour des raisons différentes, aient tous vécu un parcours du combattant avant de devenir footballeur.
Les politiques de recrutement ont été largement infléchies depuis. A lui seul, le cas Antoine Griezmann, raté par les centres français et qui ne doit son salut qu’à l’Espagne, a été une leçon pour les dirigeants qui ont réorienté leurs critères de détection. Ensuite, le scandale de la Coupe du Monde de 2010 a conduit les responsables du foot français à donner une place prépondérante à l’attitude, au comportement, aux résultats scolaires des jeunes postulants footballeurs. Elle les a aussi conduits à faire attention aux équilibres communautaires, c’est-à-dire, de manière informelle, à veiller à ce que pas trop de joueurs issus des banlieues ou de musulmans ne composent les vestiaires, pour créer des groupes harmonieux.

Le « babtou » en football, celui à qui l’on « fait la hagra »[4] : l’exemple Valbuena

Finalement, éviter la formation française a été la grande chance de Griezmann. Il est formé en Espagne, où le collectif prime sur l’individualité, où le jeu en équipe sous la forme de passes est enseigné dès le plus jeune âge, où l’éducation et les valeurs sont primordiales, où la mentalité est bien meilleure, avec des joueurs purement espagnols, protégés de la mentalité racaille. En France, l’individualisme des jeunes joueurs et la mentalité banlieusarde est dominante. Les clans s’épanouissent, impitoyables pour le faible. Le blanc, le « babtou », est isolé au milieu de ces communautés.
Mathieu Valbuena, cible d’un chantage par la clique de Benzema, mais qui a eu le courage de briser l’omerta, a vécu jeune toutes les embûches. D’abord écarté des centres de formation pour sa taille, il devient le souffre-douleur durant ses débuts à l’OM. Habib Beye, Samir Nasri ou Franck Ribéry le prennent pour cible jusqu’à l’acharnement malsain. Un coéquipier le blesse volontairement à l’entraînement. Des plaisanteries jamais signées s’enchaînent sans répit : voiture déplacée et remplie de journaux, vêtements découpés et remplis de produits irritants, et pire. Des années plus tard, Nasri était le premier nom évoqué par les voyous pour escroquer Valbuena dans l’affaire de la sextape, mais avec son passé à l’OM, il n’était pas assez crédible pour passer pour l’ami de Valbuena. Benzema est alors choisi pour être l’intermédiaire. Prétendant aider Valbuena, il le traite de « tarlouze » ensuite devant son complice. La trahison est amère. Mathieu Valbuena, victime incessante.

A la Real Sociedad puis à l’Atletico Madrid, Antoine Griezmann est intégré dans des groupes soudés, avec une mentalité espagnole loin de la mentalité ‘racaille’ de beaucoup de centre de formation français
Le chaos de Knysna, avec ses joueurs irrespectueux de la hiérarchie et du pays, a provoqué une chute du nombre de licenciés dans le foot : la figure de Griezmann, auxquels les Français de base peuvent s’identifier, provoquera-t-elle le mouvement inverse ? Il est très probable qu’il suscite des vocations. Mais les problèmes du foot amateur, avec dans certaines villes des équipes quasi délinquantes dès les groupes enfants, est une des réalités qui éloigne le plus les Blancs du foot. Pour ramener les classes moyennes au football, il faudra des politiques énergiques pour neutraliser les voyous du football.

(Lire la suite de l’enquête : Benzema contre Giroud, le racisme inversé)




[1] La catastrophe des Bleus en Afrique du Sud a calmé les récupérations sur la force du « multiculturalisme ». Si l’on attribue la victoire de 1998 aux origines « Black Blanc Beur », la défaite des Bleus de 2010 est-elle celle d’une Equipe trop métissée et islamisée ? Les équipes 100% blanches de l’Italie et de l’Espagne ont gagné les Coupes du Monde 2006 et 2010. Les tenants du multiculti doivent donc se méfier du réductionnisme ethnique en football. On pourrait aussi dire que ce sont souvent des équipes très chrétiennes qui gagnent. Humoristiquement, un article allemand s’est amusé à montrer que les sélections et joueurs catholiques ont plus de succès que leurs homologues protestants ou d’autres religions.  En réalité, les lignes de fractures, générationnelles, religieuses, ethniques - ex-Yougoslavie, Pays-Bas- ou entre clubs d’origine - OM contre PSG, Real contre Barça - sont potentiellement néfastes en sélection, mais peuvent être transcendées par un projet commun. Par exemple, Vincente del Bosque qui unit l’Espagne du foot et réconcilie la nation.

[2] Les joueurs du PSG sont en majorité fervents chrétiens. Une « christianisation » qui coïncide avec l’arrivée des joueurs de rang mondial, éloignés de la mentalité du foot français.

[3] L’émergence d’Antoine Griezmann invalide le récit postulant qu’il advient nécessairement que le meneur de l’Equipe de France soit un représentant de la dernière vague d’immigration : après Kopa de Pologne, Platini d’Italie, Zidane d’Algérie, cette logique voudrait que c’eût été un représentant subsaharien, comme Pogba. Ce ne fut pas le cas.

[4] « Hagra », de l’arabe dialectal du Maghreb, est ainsi défini par le reporter Mongaillard : « signifie à la fois mépriser, humilier et commettre une injustice par la force. Ainsi, « faire la/une hagra » à quelqu’un, c’est soit, à travers des mots blessants, de la méchanceté gratuite, lui « faire la misère », soit, physiquement, le voler, le dépouiller, voire le frapper. »