En hommage à Fabio Casartelli, mort sur le
Tour de France 1995
Le
18 juillet 2015, Jules Bianchi, pilote F1 français de 25 ans, est annoncé mort
des suites d’un accident de course. Comme le cycliste italien Fabio Casartelli,
quasiment au même âge, 20 ans plus tôt jour pour jour.
« Je
n'ai jamais vu autant de sang sur une route du Tour. » raconte Jean-Paul
Ollivier de son pire souvenir du Tour de France. Quelques secondes plus tôt,
sur le dernier virage de la descente du col de Portet-d’Aspet, une chute collective
a fait plonger une dizaine de cyclistes. Plusieurs sont sévèrement blessés et
doivent abandonner le Tour. Fabio Casartelli, champion olympique en titre, est
dans un état encore plus grave. Sa tête a heurté le béton, il gît recroquevillé
sur la route en position fœtale, le sang coule de sa bouche. Les secours
interviennent promptement et le transportent vers le CHU de Tarbes. Les tentatives
de réanimation se succèdent dans l’hélicoptère, mais son cœur lâche par trois
fois.
Le
fils unique de Rosa et Sergio est mort à seulement 24 ans. Il laisse derrière
lui sa jeune femme, Annalisa, qu’il a épousé en 1993, et leur fils Marco, âge
de seulement deux mois.
« Il me parlait de son fils qui venait de
naître, juste avant le départ du Tour de France, et il souhaitait que ce Tour
de France se finisse vite pour qu’il aille retrouver sa femme et son
enfant. » se souvient Jean-Paul Ollivier en 2015.
Deux
jours plus tard, son coéquipier Lance Armstrong (Team Motorola) gagne l’étape
de Limoges et lui dédie sa victoire, index pointés vers le Ciel.
Peu
de temps après le décès de son mari, Annalisa baptise leur enfant à la chapelle Madonna del Ghisallo, patronne universelle
des cyclistes. Elle confie le vélo sur lequel est mort son époux à la Chapelle,
où celui-ci se trouve toujours exposé, dans l’état accidenté qu’il a pris au
moment de la chute. (On se rappelle que la veuve de Tom Simpson, coureur mort
en 1967 sur le Mont Ventoux, avait de manière similaire offert le maillot de
son mari à la Chapelle Notre Dame des Cyclistes dans les Landes)
L’ultime
relique de l’Italien est comme une offrande à la Madone des Cyclistes, afin de confier
le jeune homme disparu et ses proches à la protection de la Vierge. Mais pas
seulement. Si des messes sont offertes pour lui chaque année, le souriant et
pieux italien semble pouvoir aider à son tour. Plusieurs personnes ont témoigné
à sa mère, Rosa, avoir prié Fabio et lui avoir adressé telle ou telle demande.
Aujourd’hui,
Marco, le fils de Fabio, a 20 ans et ressemble de manière sidérante au père
qu’il n’a jamais connu.
***
Le
18 juin 2008, sur la 5e étape du Tour de Suisse, quelques kilomètres avant
l’arrivée à Caslano, Frank Schleck percute le parapet à plus de 60km/h sur un
virage de descente mal engagé. Sa roue avant heurte violemment la barrière de
métal et il est projeté par dessus son vélo dans le ravin, plusieurs mètres en
contrebas. Les images filmées sont impressionnantes, les commentateurs
craignent la chute mortelle. Or, pas de blessures graves, seulement quelques
égratignures selon l’intéressé. Incroyable, le cycliste luxembourgeois, tombé
quatre mètre plus bas mais heureusement ralenti dans sa chute par des arbres,
finit par remonter sur le vélo. Il termine l’étape. Dans les derniers mètres
avant l’arrivée, Franck Schleck embrasse la médaille qu’il porte autour du
coup, la montre au public et remercie le Ciel. La médaille de son ange gardien,
donnée par sa mère à la naissance, la même que porte son frère cadet Andy. Par
ce geste d’action de grâce, celui qui aurait pu laisser sa vie dans l’accident désigne
qui remercier pour ce qu’il appelle un « véritable miracle ».
Le
Ciel n’est jamais loin des forçats de la route.